Lettre au maire

Date publication :vendredi 14 janvier 2005


Secrétariat du Collectif Interassociatif
Convergence à La Source
1, rue Stendhal
45100 Orléans

Orléans, le 14 janvier 2005

à Monsieur Serge Grouard
Député-Maire d’Orléans
Mairie d’Orléans
Place de l’Étape
45000 ORLÉANS

Objet : Participation des habitants

Monsieur le Député-Maire,

Le Grand Projet de Ville (GPV) de La Source, conforté par la récente signature de la convention financière avec l’Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU) et la clarification des apports des différents financeurs, entre dans une nouvelle phase de sa réalisation. La présence, lors de cette signature, de M. Borloo, ministre de l’emploi, du travail et de la cohésion sociale, a confirmé l’importance de cet événement, ce dont nous nous réjouissons.

À cette occasion, vous avez vous-même rappelé, comme cela figurait déjà dans la convention territoriale signée le 11 mars 2002, que les opérations de rénovation urbaine impliquent une participation active des habitants - au premier chef, bien entendu, celle des habitants de l’habitat collectif -, laquelle repose sur l’information, la concertation et l’appropriation du projet. Au stade actuel, nous sommes au regret de constater que cette participation souffre de beaucoup de manquements. En témoigne, pour se limiter à l’exemple d’un événement récent, la décision, apprise par la presse, de la démolition de 72 logements dans le secteur Pierres et Lumières de Bossuet.

L’enjeu de la participation des habitants est d’autant plus important que l’objectif du GPV ne se limite pas à la seule reconquête d’un secteur spécifique dégradé mais qu’il s’agit d’une opération de cohésion sociale et économique à l’échelle du quartier, passant par une dynamique nouvelle, partagée par tous les sourciens. La perspective est que La Source se renforce comme une vraie ville, avec un vrai projet global pour l’ensemble de son territoire, et son cortège d’activités économiques, de logements adaptés, y compris un logement social suffisant, de lieux de rencontre pour les habitants des différents secteurs de La Source et d’espaces culturels et, bien entendu, une meilleure situation de l’emploi.

D’où une première remarque sur laquelle nous souhaitons insister : il est normal que les habitants, futurs usagers, puissent s’exprimer sur l’intérêt des équipements à prévoir et qu’ils puissent faire part de leurs idées à un stade précoce, avant la première ébauche puis au fur et à mesure du déroulement du projet jusqu’à sa réalisation. En l’occurrence, les compétences des techniciens ne sont nullement en cause, mais trop souvent leurs projets s’appuient sur des critères qui n’intègrent pas suffisamment les souhaits de tous les intéressés, directs ou indirects.

Deuxième remarque qui, cette fois, concerne la communication, que nous estimons nettement insuffisante. Pour être efficace, cette communication doit, en effet, être régulière, globale et sectorisée.

Régulière : avec le recul, nous constatons que ce ne sont pas les quelques réunions globales sur le GPV, qui relèvent beaucoup plus de la bonne parole venue d’en haut, et les quatre pages de l’Élan qui règlent la question, pas plus que les réunions par thème organisées par le CCQ qui, bien qu’ayant permis de faire bien avancer certains dossiers (Minouflet, Maison des Associations, pistes cyclables...), entraînent un découpage qui ne favorise pas l’analyse des interactions entre domaines et, de surcroît, n’attirent que bien peu les résidents du quartier d’habitat collectif.

Globale, car il est impératif de suivre en temps réel l’évolution du GPV avec une vision claire des enjeux, un échéancier précis et un suivi d’avancement qu’il convient de bien expliquer au fur et à mesure du déroulement du projet.

Sectorisée, car l’échelle du seul habitat collectif est trop grande pour créer une relation directe avec les habitants. Dans cet esprit, il conviendrait de traiter séparément Beauchamp-Genêts et « feu » les Bouleaux, Adélaïde de Savoie et Camille Flammarion, d’autant que ce qui est connu de l’échéancier montre que certains secteurs seront « servis » bien plus tard que d’autres.

Bien que l’on puisse toujours souhaiter qu’elle le soit plus, la participation des habitants est effective dans le cadre des réunions de bas d’immeubles (REPERES, OPAC, CNL...). Ces réunions, qui débordent invariablement sur le thème de la qualité des logements, s’avèrent indispensables pour maintenir un lien de proximité, notamment lorsqu’il s’agit de traiter une question spécifique comme la propreté du quartier. Toutefois, bien qu’elles concernent le plus souvent plusieurs immeubles, elles ne sont que peu l’occasion de discuter de l’évolution du secteur d’habitat concerné. Par ailleurs, leur rythme même ne permet pas de couvrir annuellement tous les secteurs et, d’une année sur l’autre, ce ne sont en général pas les mêmes immeubles qui donnent lieu à réunion.

Enfin, la concertation par le cabinet HER se limite aux habitants à reloger, un cadre, certes essentiel, mais très focalisé de concertation.

Pour toutes les raisons exprimées ci-dessus, la priorité nous paraît être ainsi de mettre en place un système de communication de proximité par secteur du quartier (Beauchamp-Genets, Adélaïde de Savoie, Camille Flammarion) sous la forme de réunions régulières d’information et de concertation, et cela dans un lieu du secteur (Espace Savoie, école, Centre Aselqo, etc.) et pas à la mairie « de proximité ».

Ces réunions serviraient à informer sur les projets du secteur et leur calendrier, permettraient de répondre aux questions des habitants, faciliteraient les débats contradictoires, permettraient aussi d’aborder globalement l’évolution du quartier. Ces réunions pourraient s’appuyer sur un plan du quartier, qui ne serait pas figé comme celui de l’exposition actuelle, mais traduirait en temps réel l’avancement des travaux et le calendrier. Enfin, elles pourraient donner lieu à un petit compte-rendu diffusé dans toutes les boites à lettres du secteur.

Dans ce cadre, les associations, qui sont en lien direct avec de nombreux habitants des secteurs de l’habitat collectif, peuvent jouer un rôle majeur de relais, en partenariat avec les bailleurs et les gardiens. Elles ont également un rôle majeur à jouer vis-à-vis des habitants des autres secteurs de La Source, dont l’implication est nécessaire pour la réussite du projet.

En espérant que vous voudrez bien prendre nos propositions en considération et que, pour la Source, un cadre plus adapté pour favoriser la participation des habitants puisse rapidement se mettre en place, nous vous adressons nos meilleurs vœux pour cette nouvelle année.

Veuillez agréer, Monsieur le Député-Maire, l’expression de notre considération distinguée.

Pour le Collectif Interassociatif Le Secrétaire, Gérard Sustrac

Copie : Michel Languerre.

P.-S.

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